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Avec l’explosion mondiale de la K-pop au cours de la dernière décennie, les collaborations entre les artistes coréens et américains se sont naturellement multipliées. Prenez Blackpink et Selena Gomez ou Lady Gaga, Jungkook, échappé du groupe BTS, et la rappeuse d’Atlanta Latto sur “Seven”, un morceau qui s’est envolé à la première place du classement Billboard à peine sorti. Une première pour les deux artistes. Au cœur de ces collaborations transcontinentales, une demeure plus surprenante que les autres : co-fondateur du groupe Chic, producteur pour Madonna, Grace Jones ou encore Daft Punk : Nile Rodgers a lui aussi mis un pied dans l’arène de la K-pop, en travaillant avec Le Sserafim. Alors que le quintet vient d’être annoncé à la programmation de Coachella, succédant à Blackpink, et d'annoncer son troisième mini-album, MAKE IT LOOK EASY, Vogue revient sur le parcours de l’un des groupes de K-pop les plus attrayants du moment.
Le Sserafim, au cœur d’une nouvelle génération majoritairement féminine
Par Le Sserafim, il faut d’abord voir l'anagramme de l’expression “I’m fearless”. Comprendre : je n’ai aucune peur. Un message courant dans l’industrie K-pop, où les groupes prônent avant tout l’acceptation de soi et la résilience dans l’adversité face à un public souvent au cœur de l’adolescence. Inscrit dans ce que l’on appelle la 4ème génération des groupes de K-pop, qui voient le jour entre 2021 et 2022, Le Sserafim est un quintet féminin dont le premier disque, FEARLESS, prend à contre-pied les codes de son industrie. “The World Is My Oyster” est ainsi un hymne club étonnant, sorte de prélude transpirant, produit par le collectif 13, actif depuis 2018 sur la scène K-pop. Mis sur pied par le label Source Music, filiale de la société Hybe Corporation, Le Sserafim succède à BTS, le plus célèbre des groupes de K-pop masculin, et partage son écurie avec l’un des autres projets les plus excitants du moment : NewJeans.
NewJeans vient d'être nommé groupe de l'année selon le média Billboard. Phénomène sur TikTok, mais pas que, le groupe incarne-t-il le futur de la K-pop ? Portrait.
Tandis que les membres de NewJeans se sont tournées vers Amsterdam pour produire leur dernier EP, et notamment vers la musicienne et productrice Erika de Casier, Le Sserafim peut s’enorgueillir d’être le premier groupe de K-pop à collaborer avec Nile Rodgers, légende de la disco s’il en est. Mais avant, Sakura Miyawaki, Kim Chae-won, Huh Yun-jin, Kazuha Nakamura et Hong Eun-chae dévoilent ANTIFRAGILE, un second disque qui s’installe à la 14ème place du classement Billboard six mois après sa sortie. Porté par une techno aussi sombre qu'elle est caverneuse (“The Hydra”), ANTIFRAGILE se permet d’incorporer quelques rythmes reggaeton à son ADN, sur l’éponyme “ANTIFRAGILE” (coproduit par l’une des meilleures artistes du reggaeton actuel, Isabella Lovestory) ou même franchement rock avec “No Celestial”. Qu’est-ce que la K-pop si ce n’est le genre musical de la synthèse par excellence ?
UNFORGIVEN, ou comment s’imposer à l’international
Le Sserafim est un projet multiculturel et international depuis ses débuts : Sakura Miyawaki et Kazuha Nakamura sont japonaises, Kim Chae-won et Hong Eun-chae sont sud-coréennes, tandis que Huh Yun-jin détient une double nationalité, à la fois américaine et coréenne. Une identité recherchée, et même cultivée par Source Music, qui encourage depuis les débuts les conversations entre le groupe et le reste du monde. En témoignent les versions japonaises des premiers singles de Le Sserafim, comme “FEARLESS” ou “Blue Flame”. La pratique est courante dans la K-pop, mais elle est particulièrement voyante avec le groupe, dont “Perfect Night”, le dernier single, est entièrement chanté en anglais, pour mieux séduire le public anglo-saxon.
Sorti en mai 2023, UNFORGIVEN est le premier long-format du groupe, par lequel ses cinq membres invitent leurs auditeur·ices à s’émanciper des normes sociales, pour suivre leurs propres croyances. Le titre éponyme “UNFORGIVEN” clame ainsi qu’il est préférable de faire partie du clan des mauvais plutôt que de celui des clowns. En incorporant de nombreuses précédentes sorties de Le Sserafim, le treize titres (un format étonnamment long dans le milieu de la K-pop) installe le quintet parmi les projets les plus prometteurs de Corée du Sud.
Poursuivant la méthode initiée avec les deux premiers EPs, UNFORGIVEN mêle de nombreuses influences, de la jersey club (un genre de musique électronique aux rythmes rapides et incisifs) sur “Eve, Psyche & The Bluebeard’s wife” à des inspirations latines sur “Fire in the belly”, le morceau qui clôture l’album, co-composé par la musicienne mexicaine Paulina “PAU” Cerrilla – déjà croisée sur ANTIFRAGILE. En Corée du Sud, UNFORGIVEN a battu le record de ventes pour un groupe féminin, avec 1,02 million de copies écoulées le jour de la sortie selon Hanteo Charts, le système de classement musical sud-coréen. Le record était précédemment détenu par Blackpink, dont le deuxième album studio, Born Pink, s’était vendu à 1,01 million de copies pour son premier jour.
Revisiter les mythes pour construire sa légende
Avec un morceau comme “The Hydra”, Le Sserafim rafraîchit l’image de l’hydre, créature monstrueuse aux têtes multiples, qui repoussent à mesure que l’on s’obstine à chercher à les trancher. Une bête reptilienne à l’histoire chargée en symboles, de la résistance à la résilience, en passant par son attachement aux Enfers. Un moyen pour le quintet de s’imposer comme un groupe invincible. Sur le premier EP figure également un morceau intitulé “The Great Mermaid”, infusé de rythmes EDM plus courants dans l’industrie K-pop. Les paroles du groupe sont ainsi nourries de contes folkloriques et de mythologies occidentales, comme pour s’imposer au mieux sur la scène internationale, à l’aide de codes et de d’histoires partagées par le plus grand nombre. Mais les figures convoquées ne sont pas choisies au hasard. “Eve, Psyche and The Bluebeard's Wife” évoque ainsi trois femmes qui ont, chacune à leur manière, su résister au joug masculin qui planait au-dessus d’elles, pour s’émanciper et braver les interdits qui leur étaient imposés.
Sacrée “Personnalité de l'année” par le magazine Time, Taylor Swift a marqué 2023, notamment avec les nouveaux enregistrements des albums 1989 et Speak Now. Mais pourquoi ressortir les mêmes albums ?
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Installées dans ce que d’aucuns appellent la 4ème génération de K-pop, Le Sserafim partage la scène avec de nombreux groupes entièrement féminins, des précédemment citées NewJeans à IVE en passant par FIFTY FIFTY. En outre, leurs références pullulent d’artistes féminines, dont Selena Gomez, que Kazuha Nakamura écoute en boucle, à Taylor Swift, citée par Huh Yun-jin comme une influence majeure : “Plus que ses histoires, c'est la façon dont elle les raconte qui m'a vraiment frappée à un très jeune âge”, confie-t-elle au magazine W, en évoquant l’album Speak Now, souvent cité comme l’opus qui confirme les qualités d’écriture de l’Américaine. Une collaboration qui reste encore à cocher sur la liste des vœux à exaucer du groupe sud-coréen.
Avec MAKE IT LOOK EASY, un nouvel EP prévu pour le 19 février prochain, ainsi que deux concerts prévus au festival Coachella, Le Sserafim pourrait peut-être devenir l'un des plus grands groupes de K-pop en 2024.
MAKE IT LOOK EASY de Le Sserafim, disponible à partir du 19 février.
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