12 nouvelles voix à écouter de toute urgence en 2024

À chaque année, ses nouvelles voix. 2023 fut marquée par la domination des classements mondiaux par les popstars féminines, dont RAYE, PinkPantheress, Olivia Rodrigo ou encore Taylor Swift. En France néanmoins, c’est toujours le rap qui occupe la plus grande place dans les habitudes d’écoute, avec des artistes comme Gazo et Tiakola réunis sur un album commun, Jul, ou encore Ninho. Si vous ne vous retrouvez dans aucun de ces deux univers, ou bien si vous êtes à la recherche de nouveaux talents pour bien démarrer l’année, Vogue France vous propose une sélection de 12 artistes dont l’identité musicale sort des sentiers battus.

12 nouveaux artistes à suivre en 2024

Certains médias l'appellent déjà la “sauveuse de la drill”, ce sous-genre du rap né à l’aube des années 2010 à Chicago. Mais c’est à Barcelone, et non à Chicago que la carrière de Bb Trickz (ou Belize Kazi à la ville) prend racine. Cette dernière est découverte il y a un an grâce à la viralité du titre “Bambi”, qui reprenait des éléments du “Ice Ice Baby” de Vanilla Ice, ainsi qu’une myriade d’éléments visuels et langagiers hérités des années 1990 et 2000, dont les poupées Bratz (lancées en 2001). Un morceau qui la place ainsi dans les nouveaux espoirs du rap mondial, aux côtés de l’Américaine Ice Spice, dont le flow ne semble pas si éloigné (ce qui lui a valu d’être surnommée la “Ice Spice espagnole”).

Décidée à saisir l’opportunité de sa récente mise en lumière, Bb Trickz a dévoilé en 2023 deux premiers EPs : Trickstar en avril, suivi de Sadtrickz en septembre, imaginé comme son pendant plus doux et émotif. “Il est né de ma tristesse d'avoir été lancée dans cette industrie et d'avoir dû faire face à la célébrité, à l'argent et à la façon dont les gens vous traitent” confie la jeune rappeuse à Interview Magazine. Comme le symbole d’une nouvelle génération d’artistes, souvent féminines, dont la carrière se trouve propulsée par les réseaux sociaux. Un atout indéniable, tant leurs abonné·es deviennent une forme de pouvoir, ainsi qu’un levier incontournable dans l’industrie musicale.

Son premier album, OCEANO VOX, était l’une des plus grandes émotions de 2023. Clara Ysé s’inscrit dignement dans la lignée d’une Juliette Armanet, notamment dans son goût pour les mélodies maximalistes. Percussions grandiloquentes et violons intenses se succèdent pour marquer les auditeur·ices de ce premier disque impressionnant. Toutefois, Clara Ysé sait aussi se faire plus douce, pour mieux caresser les oreilles de celles et ceux qui l’écoutent, notamment avec le morceau liminaire du projet, “Pyromanes”, ou encore avec “Douce”, récemment nommée chanson originale de l'année aux Victoires de la musique.

OCEANO VOX est un album qui a su se faire attendre. Les premières chansons de Clara Ysé voient le jour en 2018, notamment avec “Le monde s’est dédoublé”, qui évoque la perte de sa mère. Cinq ans auront été nécessaires pour achever cette œuvre de onze chansons, portées par une profondeur peu commune, et nourries par les lectures de la chanteuse et musicienne. Ses textes trahissent un amour inconditionnel pour le réalisme magique de Gabriel Garcia Marquez à la poésie russe de Marina Tsvétaïeva, réputée pour ses vers aussi tragiques qu’ils sont intimes. Le titre de l’album, lui, puise son origine dans un vers de L’Énéide de Virgile, qui envisage l’océan non comme un monstre, mais comme un ami, une “puissance d’agir”.

Soyons honnêtes : la voix de Crystal Murray nous accompagne depuis plusieurs années déjà. D’abord avec un premier EP infusé de sonorités soul et R’n’B, I Was Wrong, porté par l’envoûtant single “Princess”. Une ère que l’artiste a depuis rejeté, pour embrasser une identité plus combative, moins mielleuse. Il s’agit de préciser que les titres présents sur I Was Wrong avaient pour la plupart été écrits au cœur de l’adolescence. À mesure que Crystal Murray est devenue une adulte, ses mots se sont devenus plus acérés et incisifs. Ainsi sont nées des chansons comme “BOSS”, dévoilé par la chaîne berlinoise de curation musicale COLORS, ou le brûlant “Like It Nasty”.

En 2024, la chanteuse Parisienne semble être prête pour revenir au devant de la scène musicale, deux ans après son projet aux sonorités R’n’B produites par des noms comme Sacha Rudy et Loubenski : Twisted Bases. Sur son compte Instagram, l’artiste laisse présager la sortie future d’un prochain album, dont le premier single ne devrait pas se faire attendre encore très longtemps.

S’il est possible de retracer la naissance de Faux Real jusqu’au printemps 2018, force est de constater que le duo fondé par les Franco-américains Elliott et Virgile Arndt ne compte toujours aucun album à son actif. Groupe de live par excellence, il préfère multiplier les dates et peaufiner son sens aigu de la performance dans un mélange étonnant de post-punk et de glam rock, avec une touche appréciée d’humour et d’autodérision. Frères à la ville, les deux membres de Faux Real explorent, à travers leur chorégraphies scéniques, les limites de leur propre parenté dans des concerts imaginés comme des pièces de théâtre. Des performances qui leur ont valu de devenir les nouvelles coqueluches du rock avant-gardiste.

C’est en 2020 que Faux Real dévoile son premier EP, intitulé (et ça ne s’invente pas) : Faux Real. Un disque de cinq titres terriblement frais venant de deux musiciens aguerris : tandis que Virgile opérait dans le groupe Natas loves you (dont l’aventure a pris fin en 2015), Elliott est de son côté un échappé du groupe basé à Londres Vanishing Twin. À deux, ils épousent une esthétique plus pop, dont on ne peut qu’espérer qu’elle donnera naissance à un album en 2024. Le groupe sera par ailleurs en concert le 2 mars 2024 dans le cadre du festival des Inrocks, au Centquatre, à Paris.

À seulement 22 ans, la jeune Griff (ou Sarah Faith Griffiths à la ville) peut d’ores et déjà s’enorgueillir d’avoir remporté un Brit Award de la meilleure artiste émergente, succédant à des chanteuses comme Adele ou Jorja Smith. Elle est ainsi devenue la plus jeune femme à remporter ce titre, âgée d’à peine 20 ans à l’époque. Fille d’immigrés jamaïcains et vietnamiens, sa musique reflète son identité multiculturelle.

Interrogée par MTV en 2019, Griff dévoile que son premier souvenir musical remonte au téléchargement de Fearless, le deuxième album de Taylor Swift, sur un iPod Shuffle reçu en cadeau à l’âge de huit ans. Un premier coup de cœur artistique qui mène la très jeune fille à apprendre seule à enregistrer et produire ses propres chansons, aidée de son grand frère et de quelques tutoriels disponibles sur Youtube. Après une adolescence passée à peaufiner son identité musicale, sorte de rencontre entre la pop et le R’n’B, Griff signe chez Warner Records, label au sein duquel elle a depuis sorti trois EPs dont le dernier, vertigo vol. 1, a été loué par Taylor Swift elle-même. Griff sera de passage en France lors d’un concert à la Machine du Moulin Rouge (Paris), le 22 mars 2024.

À seulement 19 ans, la Hongkongaise Jasmine Yen est la plus jeune artiste signée au sein du label Sony en Chine (et plus précisément, sur RCA, l’une des nombreuses filiales de la major). Son tout premier single, “idk”, sorti en juillet 2023, n’est pas sans rappeler les rythmes R’n’B d’une Ariana Grande, mêlés aux productions K-pop d’un groupe comme TWICE. Victime d’un succès viral, il annonce l’album tbh, un court disque de 8 titres sorti à peine deux mois plus tard. Une œuvre nourrie par l’esthétique rose et glossy des années 2000, dont la durée des chansons ne dépasse presque jamais les 3 minutes. Une stratégie semblable à celle de l’Anglaise PinkPantheress, dont le succès auprès des adolescent·es et des jeunes adultes n’est plus à prouver.

On pourrait aisément dénigrer le talent de Jasmine Yen. Fille de l’acteur Donnie Yen et de la mannequin Cissy Wang, elle semble au premier abord s’inscrire dans la lignée des nepo babies qui pullulent dans les industries de la musique et du cinéma. Pourtant, force est de constater que tbh séduit, grâce à ses sonorités mielleuses et le style impeccable de son interprète, entre pièces Miu Miu ou Versace, couplées à une réminiscence du glamour des années 90 et 2000. En outre, plus qu’une simple poupée, l'artiste est impliquée dans chacun des processus de création de sa musique, de la composition à l’interprétation.

Son deuxième album, Bewitched, a battu le record du plus gros démarrage sur Spotify pour un album de jazz en 2023. L'Islandaise Laufey est un phénomène à la voix d'or, dont les mélodies intemporelles ont su conquérir un public très jeune. En effet, suivie par plus de 3 millions de personnes sur TikTok, Laufey partage les moindres instants de son aventure musicale à ses fans majoritairement féminines, qui se rendent à ses concerts habillées comme leur idole – robes blanches et rubans dans les cheveux.

Sa grand-mère était pianiste, sa mère est violoniste. Laufey est pratiquement née avec un instrument dans les mains. Mais à l’adolescence, elle a une révélation et réalise que sa voix est elle aussi un instrument, presque un antidote contre la morosité de celles et ceux qui l’écoutent. Au rang de ses influences, on trouve alors des l’icône du jazz vocal Ella Fitzgerald, mais aussi Taylor Swift, pop star contemporaine. Rien de surprenant. Toutes deux écrivent sur des expériences très personnelles, comme en témoigne la chanson “Letter To My 13 Years Old Self”. Elle sera en concert au Trianon à Paris, le 20 février 2024 (le concert affiche d'ores et déjà complet).

Si Taylor Swift figure parmi vos idoles, il y a de fortes chances pour que les chansons de Maisie Peters vous plaisent tout particulièrement. La même frange blonde, mais surtout, les mêmes plumes inspirées par leurs histoires d’amour ratées font des deux femmes des artistes ô combien similaires. La jeune chanteuse britannique cite volontiers l’Américaine comme l’une de ses plus grandes inspirations, qu’elle range à côté du groupe Girls Aloud et de la chanteuse Lily Allen.

Née en 2000 à Steyning dans un village du sud-est de l’Angleterre, Maisie Peters commence à chanter à l’âge de 8 ans au sein de la chorale de son école. Après avoir écrit son premier morceau à 9 ans, elle n’abandonne plus la musique, qui l’accompagne tout au long de l’adolescence. Après avoir chanté dans les rues de Brighton, sorti quelques singles en indépendante et été repérée par la BBC, la jeune femme signe finalement un contrat avec le label Atlantic Records, filiale de Warner et maison d’artistes comme Charli XCX et Janelle Monaé. Un label qu’elle quitte au profit de celui de Ed Sheeran, sur lequel elle sort son deuxième album, The Good Witch. Un disque de rupture par excellence, classé numéro 1 en Grande-Bretagne, qui fait de Maisie Peters la plus jeune artiste solo à obtenir un numéro 1, près d’une décennie après Ella Henderson. Elle sera en concert en France le 14 février prochain à l’Olympia, à Paris.

Sorti en 2020, le tube “Tic” n’est pas sorti de nos oreilles depuis. Un morceau qui a suffi à propulser la Martiniquaise Maureen sur le devant de la scène mondiale. Une mise en lumière qui correspond peu ou prou à la percée du shatta, ce genre musical dérivé du dancehall, qui clame une plus grande liberté, surtout féminine, sur le dancefloor (et dont on peut entendre les sons caractéristiques sur le “Beleck” de Aya Nakamura). Ainsi, “Tic” est à comprendre comme un hymne féministe, qui apprend aux femmes à dire non. Un morceau repris par la maison Mugler pour son défilé printemps-été 2021.

En juin 2023, Maureen est nommée meilleure nouvelle artiste internationale aux BET Awards, une cérémonie qui récompense les meilleurs artistes afro-américains de l’année. Elle figurait ainsi aux côtés de figures comme Raye, Werenoi ou encore la Camerounaise Libianca, qui a finalement remporté le prix. Au même moment, elle est la plus jeune chanteuse conviée au Mural Festival à Montréal. Comme l’énième preuve d’un rayonnement international déjà largement confirmé.

Si l’indie sleaze fait son grand retour en 2024, favorisé par des films comme Saltburn et des personnalités comme Kate Moss et Alexa Chung, celui-ci ne se fera pas sans Harrison Patrick Smith, l’homme derrière le projet musical The Dare. Après une enfance passée dans la banlieue à Seattle, le jeune homme file à New York dès que l’occasion se présente à lui. C’est là qu’il découvre ce que faire la fête veut vraiment dire.

Irrévérencieux, Harrison Patrick Smith l’est sans aucun doute. Dans ses chansons, le jeune homme assène des paroles racoleuses et explicites dans ce qui devient des hymnes punks et ultra-sexuels. L’exemple parfait étant le single “Girls”, sorti en 2022. Tube en puissance, il rappelle les périodes les plus dépravées de la chanteuse Peaches : “J'aime les filles qui se droguent / Les filles avec des cigarettes à l'arrière du club / Les filles qui détestent les flics et achètent des armes”. Un morceau qui fait de The Dare la nouvelle cible des labels américains, qui le couvrent de déjeuner pour espérer le signer dans leurs écuries. C’est finalement Republic Records (filiale de la major Universal et maison de Taylor Swift et Drake, entre autres) qui remporte la mise. Après une tournée européenne en novembre 2023 pour promouvoir son premier EP, The Dare est de retour à New York, où il alterne entre soirées branchées et confections des sorties à venir.

Voir The Last Dinner Party en concert ressemble, à peu de choses près, à une expérience mystique. Groupe britannique entièrement composé de membres féminins, il est mené par la charismatique Abigail Morris, longue robe blanche, rubans assorties et nattes noires. Son chant ressemble presque à une incantation. Qu’invoque-t-elle lors de ses concerts, si ce n’est l’esprit du rock lui-même, alors que le nom de son groupe invite à une ultime fête, un ultime instant de débauche ?

The Last Dinner Party pourrait bien être la sensation de l’année 2024. Alors que le premier album, Prelude to Ecstasy, n’est pas encore sorti, leur concert à Paris en février est d’ores et déjà complet. Les premiers singles du groupe ont fait sensation en 2023, figurant dans de nombreux classements Apple Music, comme la plateforme vient de le révéler. “L’un des premiers moments où nous nous sommes senties comme de vraies musiciennes – et non plus comme des personnes qui prétendent l’être, c’était lorsqu’un ami a entendu ‘Nothing Matters’ dans une boîte de nuit en Australie et qu’il a vu quelques mains se lever pour shazamer la chanson”, confie Abigail Morris à la plateforme. “C’est tellement surréaliste d’imaginer que cela se produise dans tous les pays du monde” a-t-elle ajouté. Prelude to Ecstasy sortira le 2 février prochain.