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Que vaut le grand retour de Kali Uchis ?

Que vaut le grand retour de Kali Uchis ?

Kali Uchis revient ce 12 janvier avec Orquídeas, son quatrième album. Un opus inspiré par l’orchidée, qui s’impose comme son œuvre la plus aboutie depuis 2020.

11 janvier 2024

Kali Uchis  que vaut son album “Orquídeas”
© Universal Music
 

Stakhanoviste s’il en est, plus rien, ni personne ne semble être en mesure d’arrêter Kali Uchis. Après son dernier album, Red Mood in Venus, dévoilé à l’aube de 2023, la chanteuse, compositrice et productrice américano-colombienne revient d’ores et déjà avec un nouvel opus, le joliment intitulé Orquídeas. Un disque inspiré par une fleur donc, emblème de la Colombie de surcroît, qui s’impose comme l’une des œuvres les plus abouties de l’artiste depuis Sin Miedo (del Amor y Otros Demonios) en 2020.

Orquídeas, album radical et maximaliste…

Qu’attend-t-on d’une Kali Uchis, lorsque l’artiste s’est déjà assurée des succès mondiaux, des tubes viraux (dont l’entêtant “telepatía”) ainsi qu’une reconnaissance indéniable de la part de l’industrie musicale (elle remporte en 2021 un Grammy Award pour le morceau “10%” avec le Canadien Kaytranada) ? Un virage, peut-être. Un opus plus ambitieux encore, une œuvre complète. Avouons-le tout de suite : Red Mood in Venus nous avait déçu, non pas par ses sonorités ô combien léchées, mais par sa légère paresse, son manque d’envie de nous surprendre. Si la formule Kali Uchis fonctionne à merveille, nous rêvions alors qu’elle nous transporte vers un ailleurs différent de ses deux premiers albums : Isolation (2018) et Sin Miedo (del Amor y Otros Demonios), dévoilé en 2020.

 

… aux ambitions libérées des attentes de l’industrie musicale

L'orchidée n’est pas qu’une (très jolie) fleur. Elle est surtout l’emblème de la Colombie, d’où Kali Uchis est originaire. Une information qui n’est pas sans lien avec l'espagnol qui rythme les quatorze chansons de l’opus. C’est désormais connu : la chanteuse a dû essuyer un refus face à son premier label, qui ne voulait pas se risquer à sortir Sin Miedo (del Amor y Otros Demonios). Le deuxième album de l’artiste voit en effet l’espagnol dominer, à l’heure où la musique hispanophone n'assure pas un succès commercial immédiat. À la lumière de ce combat, Orquídeas n’en devient que plus bouleversant, tant il permet à la chanteuse de raconter ses racines et son héritage. Dans les paroles d’abord, puis dans les mélodies ensuite.

Le passé de Kali Uchis est comme un fil rouge dans Orquídeas. Un fil rouge qui construit autant qu’il hante. Dans “Te Mata”, sans conteste la plus grande réussite de l’album, la chanteuse semble s’adresser à un ancien amant : “Tu dois accepter que je ne suis plus qu’un souvenir désormais” assène-t-elle, avant d’ajouter : “Il vaut mieux laisser le passé où il est, moi je ne vis pas dans le passé”. Mais c’est sans doute dans les productions que le disque épouse le plus les origines hispaniques de l’artiste, entre le dembow, le boléro, la salsa et le reggaeton : “Lorsque les gens pensent aux artistes latins, ils pensent à un son particulier, alors qu'en réalité, il existe une multitude de genres. C'est une grande partie de ce que je veux montrer lorsque je fais un album en espagnol” déclarait la chanteuse et compositrice, toujours au magazine Vulture, le 4 janvier dernier. Il devient ainsi fascinant d’écouter comment l’album oscille avec une facilité déconcertante entre sonorités latines ultra-classiques qui ramènent à La Lupe, chanteuse cubaine de boléro dans les années 60 et 70, (à l’instar de “Dame Beso // Muévete”) et mélodies bien plus fraîches et ancrées dans leur époque (“Muñekita”).

Orquídeas, quatrième album de la chanteuse et compositrice, débute avec “Como Asi”, un morceau qui plonge ses auditeur·ices dans une ambiance brumeuse, comme l’arrière enfumé d’un club aux néons tremblotants. Les percussions sont étouffées, pour mieux élever la voix de l’interprète au timbre déjà connu du monde entier. Un morceau liminaire savamment choisi, qui annonce la couleur du disque. Un rose nocturne, un rose qui brille au cœur de la nuit. Non pas un rose passé, mais un rose vif, presque aveuglant. Composés en même temps, Red Mood in Venus et Orquídeas sont ainsi à envisager comme deux faces d’une même pièce, comme Kali Uchis l’expliquait récemment au magazine Vulture : “Red Moon in Venus était très downtempo et influencé par la musique soul. Orquídeas est mon album uptempo. Il a un côté inquiétant tout en restant classique, féminin et luxueux”. Là où Red Moon in Venus était un opus complètement chanté en anglais – peut-être l’un des facteurs de notre manque d’engouement, la chanteuse renoue avec son espagnol natal grâce à Orquídeas. Comme un acte de libération d’une langue devenue, malgré elle, l'emblème malheureux du conformisme pour les artistes internationaux.

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Kali Uchis, fleur fatale

Si l’orchidée est la fleur nationale de la Colombie, elle est aussi une plante aux familles presque aussi nombreuses que diverses, et symbole de fécondité par excellence. Si l’on a souvent caractérisé Kali Uchis par son esthétique ultra-féminisé, celle-ci l’a toujours assumée avec le plus grand plaisir, délivrant des textes chargés de métaphores sexuelles et romantiques. Ainsi, Orquídeas ne fait pas exception, rythmé par les soupirs de l’artiste, avant de se terminer dans un baiser avec “Dame Beso // Muévete”. Dans “Me Ponga Loca” (littéralement, “je deviens folle”), elle clame “Pussy too good / can’t get rid of me” – un vers que la bienséance nous empêche de traduire. Dans “telepatía”, son plus grand tube, sorti en 2020, elle écrivait d’ores et déjà une lettre d’amour résolument érotique : “Qui aurait pensé que l'on pouvait faire l'amour par télépathie ?” interrogeait-elle, avant d’ajouter : “Tu m'excites même si tu ne me touches pas”. Un hymne devenu le premier morceau d’une chanteuse hispanophone à atteindre le milliard de streams sur Spotify.

Ouvertement bisexuelle, Kali Uchis offre également avec Orquídeas une collaboration avec Karol G, icône du reggaeton contemporaine, elle aussi originaire de Colombie. Sur “Labios Mordidos”, elles s’unissent pour délivrer un texte saphique sans équivoque : “Si tu veux de l’interdit / Je te donnerai du fil à retordre maman, je te punirai”. Une phrase qu’on imagine destinée autant à ses amant·es qu’aux acteur·ices de l’industrie musicale, dont l’artiste a fait ployer toutes les règles.

Orquídeas, de Kali Uchis, disponible à partir du 12 janvier 2024.

  • Musique
  • Par Lolita Mang 11 janvier 2024
  • 20/03/2024

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