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Qui est Jack Antonoff, le producteur derrière Taylor Swift et Lana Del Rey ?

Qui est Jack Antonoff, le producteur derrière Taylor Swift et Lana Del Rey ?

Pour Bleachers, son groupe, Jack Antonoff est sur le devant de la scène. Mais pour Taylor Swift, Lana Del Rey ou encore Lorde, il opère dans l’ombre des studios. Le producteur s’est prêté au jeu de l’interview pour Vogue, lors d’un passage éclair à Paris.
11 mars 2024
Jack Antonoff  Bleachers
© Alex Lockett

Vous ne le savez peut-être pas, mais vous avez sans doute déjà entendu ce qui fait “le son Jack Antonoff”. Le producteur et musicien américain est devenu, au cours de la dernière décennie, la coqueluche des plus grandes stars de la pop, de Taylor Swift à Lana Del Rey, en passant par Lorde, Clairo ou encore St. Vincent. Originaire du New Jersey, il conserve de ses débuts un amour immodéré pour la figure de Bruce Springsteen, et une certaine idée du “songwriting” à l’américaine. Cette idée, il l’infuse depuis dix ans dans son groupe, Bleachers, nourrie par l’esthétique des films étasuniens des années 80, et une envie immodérée de se coucher ses pensées les plus intimes. Comme un carnet de bord discret, un à côté de ses productions d’autres, il renoue avec le plaisir d’être purement soi, et de diriger l’orchestration d’un album, du début jusqu’à la fin. C’est en tout cas ainsi qu’est né Bleachers, quatrième album du groupe du même nom, disponible dès ce vendredi 8 mars. Un titre d’album comme une affirmation, donc. Étonnant pour un quatrième opus, soumis, selon certaines croyances nées sur Internet, et pour tous les artistes, à une malédiction. Et oui : de l’échec commercial à l’échec critique, en passant par un message artistique peu pertinent… les quatrièmes albums seraient maudits. Nous regrettons de n’en avoir pas parlé à Jack Antonoff, petit prodige de la pop moderne, lors de son passage à Paris. Heureusement, au cœur du restaurant du luxueux hôtel Le Bristol, où il logeait alors avec sa femme, Margaret Qualley (elle ouvrait le lendemain le défilé Chanel), nous avons eu d’autres questions pour lui, auxquels il a pu répondre, timidement d’abord, joyeusement ensuite.

Jack Antonoff, la musique de père en fils

S’il est aisé de retracer le parcours musical de Jack Antonoff depuis l’explosion de son groupe fun., à l’aube de la décennie 2010 (souvenez-vous : le tube “We Are Young”, avec Janelle Monáe, c’était lui), il est plus complexe de comprendre ce qui l’a mené vers l’obsession musicale. Car d’obsession, il est clairement question avec le producteur, qui semble ne vouloir, et surtout ne pouvoir parler que de ça, pendant des heures. Sorte de geek de la production musicale, il trouve, encore enfant, un espace de création inédit dans la musique : “C’est une période de ma vie où je me sentais incompris, précise-t-il. Pourtant, j’avais une super vie à l’époque. Je n’ai pas encore mis le doigt sur la source de ce sentiment. En tout cas, je cherchais des obsessions. J’ai commencé par les minéraux, puis par les cartes de baseball, mais je n’y trouvais pas mon compte. Quand j'ai découvert la musique vers 8 ou 9 ans, je n'ai plus lâché. C'est devenu ma vie entière, mon langage ! Aujourd’hui encore, je peux avoir du mal à parler de mes incertitudes à mes proches, des choses qui me rendent particulièrement émotionnel, ou qui me font peur. C'est plus facile pour moi de les partager dans une chanson. Ça a toujours été l'espace où je me suis senti le plus authentique”.

Et quand on l’interroge sur ces possibles mentors de l’époque, la réponse fuse : “Mon père !” s’exclame l’Américain, qu’il écrit comme “un incroyable joueur de guitare”. On imagine alors aisément la maison Antonoff comme un foyer où la musique résonne en permanence, quelque part entre les Beatles et les Allman Brothers, entre le rock britannique et celui issu du sud des États-Unis. “Pas de Bruce Springsteen ?”, s’étonne-t-on. “Bruce est arrivé sur la fin de mon adolescence…” concède Antonoff dans un sourire. À l’époque, déjà, le jeune homme écrit, compose et produit ses propres chansons – une volonté qu’il traîne depuis ses débuts. Il suit des cours, s’instruit auprès de nombreux professeurs, mais reste ferme : ce qui lui plaît le plus, c’est de se retrouver seul avec lui-même, et d’écrire par lui-même. Étonnant pour quelqu’un qui écrit désormais pour les autres, et qui multiplie les formations en groupe.

L’homme de l’ombre

Entre 2008 et 2015, Jack Antonoff opère au sein du groupe fun., qu’il partage avec Andrew Dost et Nate Ruess. Une aventure qui en appelle d’autres, tant il passe la dernière décennie à passer d’une formation à une autre : en 2014, il fonde Bleachers, à la croisée du groupe et du projet solo (c’est bien lui qui incarne le visage du projet devant les médias) puis annonce en 2019 la naissance de Red Hearse, avec les producteurs Sam Dew and Sounwave (collaborateur régulier du rappeur Kendrick Lamar). Avant ça encore, il appartenait à la formation Steel Train, un groupe bâti avec ses amis sur les bancs de l’université. À croire que Jack Antonoff est incapable de se retrouver seul en studio. Quand on lui pose frontalement la question, il rit, et glisse “Oui, peut-être bien…” avant d’ajouter : “J'aime être seul à certains moments, et entouré à d'autres moments. J'ai besoin des deux. Si je suis seul trop longtemps, je deviens bizarre, et si je reste trop longtemps entouré, je deviens tout aussi bizarre. Je suis un introverti extrême, et un extraverti extrême”.

 

À l’observer, on penche plutôt pour la première option, tant dans les premières minutes d’interview, le producteur a le regard fuyant, vissé sur le sol, et baragouine des réponses timides. À mesure que les minutes passent, la langue se délie, le sourire apparaît, et devient plus franc. On le teste, on lui montre qu’on ne se trouve pas face à lui par hasard. Au sujet de Taylor Swift, inévitable tant il est devenu le double musical de l’artiste, et l’un de ses meilleurs amis, on se lance sur les débuts de leur relation : “On s'est rencontré·es de manière hasardeuse en Allemagne, puis on a commencé à s'envoyer des idées, sans vraiment avoir de plan, explique Jack Antonoff. J'ai toujours été producteur, mais elle est la première qui m'a officiellement reconnu comme tel”. En effet, tous deux se rencontrent au cœur de la confection de l’album 1989, le cinquième de la chanteuse, sacré Grammy Award du meilleur album en 2015. Antonoff est l’alchimiste derrière le morceau “Out of the Woods”, petit bijou de tube pop, et aujourd’hui encore, classé au rang des favoris des fans de Taylor Swift. Mais surtout : la collaboration avec celle que l’on a longtemps surnommée la “fiancée de l’Amérique” lui a permis de devenir l’un des producteurs les plus demandés du moment, et de passer du rang d’homme de l’ombre à celui de superstar. Il signe notamment la production de Norman Fucking Rockwell!, sixième album largement acclamé de la chanteuse américaine Lana Del Rey, ou encore de Melodrama, deuxième album de la Néo-zélandaise Lorde.

Jack Antonoff  Bleachers
Jack Antonoff et son groupe Bleachers© Alex Lockett

Avec Bleachers : le courage d’être soi

Les trois premiers albums de Bleachers sont marqués par les combats intérieurs de Jack Antonoff, notamment face au deuil vécu lors de sa dernière année au lycée, alors que sa plus jeune sœur, Sarah, meurt d'un cancer du cerveau à l'âge de 13 ans. En 2017, il confiait au magazine Pitchfork : “Toute ma carrière a consisté à revivre cette expérience sous un angle différent”. Le quatrième album du groupe, sorti ce 8 mars 2024, semble apporter un vent nouveau dans la carrière de Jack Antonoff. Le morceau liminaire, “I Am Right On Time” (en français : “Je suis dans les temps”), est bâti sur un rythme de batterie haletant, qui entraîne ses auditeur·ices dans une course contre la montre : “Je voulais construire une tension extrême, comme si quelque chose allait arriver à n'importe quel moment. Tout au long de ma vie, j'ai l'impression d'avoir écrit sur le passé, ou le futur. Je n'avais jamais écrit sur comment je me sens dans l'instant présent. Dans le morceau, je dis : ‘pour une fois, je suis tout à fait à l'heure‘. C’est la première fois que je me sens ainsi”.

Bleachers naît dans l’esprit de Jack Antonoff à la fin de l’année 2022. Imaginé en quelques mois à peine, il est un disque concis, comme une photographie des émotions du producteur et musicien à un instant T, alors qu’il vient de se marier avec la comédienne Margaret Qualley, et cumule les prix de producteur de l’année aux Grammy Awards (après l’avoir remporté en 2022 puis en 2023, il vient de signer sa 3ème victoire consécutive en 2024). “D’habitude, mes albums s’étendent sur des périodes de temps bien plus larges. Pour celui-ci, c’était l'inverse” résume-t-il. Pourtant, il s’agit de l’album le plus long du groupe, lui fait-on remarquer. “Je suis quelqu’un qui écrit très peu, j’ai très peu de travail de sélection à faire. Pour moi, un morceau de trop, ou un morceau en moins peuvent ruiner un album. Quand lorsque vous ajoutez trop de sel dans un plat !”.

 

Avec un clip signé Margaret Qualley (celui de “Tiny Moves”) et une chanson en collaboration avec Lana Del Rey (le formidable “Alma Mater”), Jack Antonoff semble avoir trouvé sa communauté sur ce quatrième album, sa tribu. Il l’affirme : il est plus entouré que jamais, et n’imagine pas créer une œuvre sans collaborer avec les gens qui sont le plus proches de lui. Alors, ce sentiment d’être incompris a-t-il disparu pour de bon ? “Non, pas tout à fait, confie-t-il. Je me sens toujours incompris. En fait, moi-même je ne me comprends pas. Mais uniquement parce que je n'arrête jamais de pousser, et que chaque jour, je débloque de nouvelles choses. Les choses que je ne comprenais pas à l'époque, je les comprends aujourd'hui. Je les mets dans des chansons, et ça m'éclaire sur les raisons pour lesquelles je peux me sentir ainsi. Et donc je creuse plus loin !”. S’il pouvait en résulter d’aussi beaux opus que Bleachers, on espère qu’il continuera de creuser encore longtemps.

 

 

  • Musique
  • Par Lolita Mang 11 mars 2024
  • 19/03/2024

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